Pas content ! - Mot-clé - Rimbaud2024-03-27T18:57:02+01:00Gibusurn:md5:d1aadfbb494e48d249c8fbe4fbd6e772DotclearL'été 2016 - hiver 2018urn:md5:2397f6d7f84a5d0743643c44d2a491592018-12-03T14:44:00+01:002018-12-03T14:44:00+01:00gibusPoésiescapitalisme démocratiquecarnavalcritique de la valeurFerréfraternitéfétichismeinsurrectionMarxRabelaisRimbaudéconomie<p class="poemP4">Je reviens de dans dix mille ans<br />
De là où vivent les poètes<br />
Lorsqu'ils s'affranchissent du temps<br />
Pour embrasser la vie complète</p>
<div style="text-align: center;">
<video controls="" height="315" poster="https://pascontent.sedrati.xyz/public/vienne_le_temps_eprenne.jpg" preload="none" width="560"><source src="https://pascontent.sedrati.xyz/public/ete_2016.mp4" /><object data="https://pascontent.sedrati.xyz/index.php/?pf=player_flv.swf" height="315" type="application/x-shockwave-flash" width="560"><param name="movie" value="/index.php/?pf=player_flv.swf" /><param name="wmode" value="transparent" /><param name="allowFullScreen" value="true" /><param name="FlashVars" value="title=ete_2016.mp4&amp;margin=1&showvolume=1&showtime=1&showfullscreen=1&buttonovercolor=ff9900&slidercolor1=cccccc&slidercolor2=999999&sliderovercolor=0066cc&flv=/public/ete_2016.mp4&width=560&height=315" />Lecteur vidéo intégré</object></video>
</div> <p class="poemP1">Là, on se moque des pendules<br />
Ricanant des balanciers<br />
Rythmant la vie depuis l'ovule<br />
Négligeant le nombre de pieds<br />
Tic, tac, tic, tac et il est l'heure !<br />
L'heure de quoi ? Qu'importe au fond !<br />
Tout n'est plus rien qu'une gageure<br />
Quand l'horloge donne le ton.</p>
<p class="poemP2">Nais ! Travaille ! La cloche sonne<br />
Lève-toi et va travailler !<br />
À quoi ? L'horloge s'en tamponne !<br />
L'important c'est de mesurer<br />
Si tu te tiens dans la moyenne<br />
Ne sois surtout pas en retard<br />
Qu'aucune seconde ne vienne<br />
T'insuffler le choix du hasard !</p>
<p class="poemP3">Tic, tac, tic, tac, là d'où je viens<br />
Rien n'importe plus que le silence<br />
Qui comme un creux entre deux seins<br />
Entre tic et tac se balance<br />
Là s'exprime toute puissance<br />
Dans l'infini de ses désirs<br />
Ignorant tout de cette absence<br />
Qu'un temps abstrait fait advenir</p>
<p class="poemP4">Je reviens de dans dix mille ans<br />
Là où l'on rit à pleine gorge<br />
Qu'on ait pu pendant si longtemps<br />
Se plier au temps de l'horloge</p>
<p class="poemP3">Là-bas, dans dix mille ans, il n'est d'autres fétiches<br />
Que ceux que l'on brûle à la fin du carnaval<br />
Les dieux y sont battus, pendus aux acrostiches<br />
Et font de beaux lampions pour la soirée du bal<br />
Les temples, les mosquées, synagogues, églises,<br />
Sont pour leurs qualités acoustiques requises</p>
<p class="poemP2">Bien sûr on n'y prie plus, sinon pour inviter<br />
Quiconque est de passage à entrer s'abriter,<br />
Manger, se reposer, danser, chanter, crier,<br />
Créer, peinturlurer, griffonner, graphoner,<br />
Saxophoner, sculpter, marbrer, arabesquer,<br />
Danser, valser, tanguer, roulibouler, filer,<br />
Défiler, rêvasser, baiser, s'éterniser,<br />
S'abreuver, s'amuser, se cultiver, jouer,<br />
Discuter, papoter, palabrer, étudier,<br />
Bouquiner, forniquer, fructifier, foudroyer,<br />
Déjeuner, digérer, dîner, souper, goûter,<br />
Petit déjeuner, chier, pisser, roter, pleurer,<br />
Éjaculer, baver, se moucher, flatuler,<br />
Se coucher, se lever, tournoyer, retomber,<br />
S'aimer, se disputer, se réconcilier,<br />
S'enlacer, s'embrasser, cajoler, caresser,<br />
Masser, encotonner, enturbanner, ancrer,<br />
Désinhiber, décompresser,<br />
Déposer, déclamer, dégingander, draper,<br />
Draguer, drager, droguer, piquer, pincer, pousser,<br />
Passer, pester, penser, pastisser, pétanquer,<br />
Ronfler, ribenauder, resquiller, s'enquiller,<br />
S'encanailler, cailler, caillasser, calfeutrer,<br />
Cadenasser, casser, taguer, graffer, greffer,<br />
Planter, ensemencer, labourer, patater,<br />
Pirater, corseter, soustifer, pigeonner,<br />
Plonger, nager, brasser, papillonner, larver,<br />
Butiner, badiner, bricoler, percoler,<br />
Décoller, s'envoler, sansvoter, s'enliser,<br />
S'ankyloser, gonfler, inspirer, expirer,<br />
Respirer, résister, fumer, se révolter,<br />
Expérimenter, bref, en un mot : habiter.</p>
<p class="poemP1">Le clou<br />
Du carnaval<br />
De l'an dix mil'<br />
Est un char<br />
Gigantesque<br />
Gargantuesque<br />
Titanesque<br />
Figurant<br />
Tout un monde<br />
Tel qu'on se le figurait<br />
Dix mille ans auparavant<br />
– Maintenant –<br />
Un monde<br />
Prétendant être<br />
Le Monde<br />
Unique<br />
Universel<br />
Unilatéralement unifié<br />
Réductible<br />
Aux lois mathématiques<br />
Connues et inconnues<br />
Le modélisant<br />
Dans son intégralité<br />
De manière si parfaite<br />
Si objectivement indiscutable<br />
Que rien n'est censé y échapper<br />
Tout doit indubitablement se conformer<br />
À ces lois transcendantales<br />
Qui régissent ce monde<br />
Ce Monde unique<br />
Universel<br />
Unilatéralement unifié<br />
Rien n'existe<br />
Qui ne peut être quantifié<br />
Comptabilisé<br />
Informatisé<br />
Monétisé<br />
C'est pourquoi ce char<br />
Qu'on appelle<br />
Char de Galilée<br />
A été conçu<br />
Et fabriqué<br />
Avec comme seul matériau<br />
Des chiffres<br />
Roulés en équations<br />
Jusqu'à former<br />
Une sphère<br />
Dont la circonférence<br />
Est de pierre</p>
<p class="poemP2">J'ai vu au carnaval, ce char de Galilée<br />
Qui n'avançait jamais, pour la simple raison<br />
Que pour bien ressembler, à la perfection,<br />
Au monde où l'on vivait, il y a dix mille années<br />
Ce monde-là aussi, comme seul carburant<br />
N'était alimenté que par du pur argent.<br />
De l'argent, de l'argent, de l'argent tant et plus<br />
Qu'on n'aurait jamais cru que jamais il n'en manque<br />
Des diablotins allaient en chercher dans des banques<br />
Mais leurs efforts restaient drôlement superflus</p>
<p class="poemP3">Ô il fallait les voir mimer comme une extase<br />
La croissance infinie de ce dieu impuissant<br />
Qui pouvait enfanter l'argent avec l'argent<br />
Sans que ne puisse en rien changer cette hypostase<br />
Le char n'avançait pas, l'argent n'y pouvait rien<br />
Rien n'a jamais changé sans y mettre du sien</p>
<p class="poemP4">Je reviens de loin, de dans dix mille ans,<br />
Là où l'on sait enfin être soi-même<br />
Depuis qu'a cessé cet éloignement<br />
Qui avait fini, dans un sens extrême,<br />
Par séparer jusqu'à l'inséparable,<br />
Par aliéner jusqu'à l'inaliénable,<br />
Mais personne ne peut vivre arraché<br />
À ce point de tout, de tout ce qui est</p>
<p class="poemP3">Arraché du monde<br />
Qui n'est qu'un monde<br />
Parmi tous ceux qui existent<br />
Celui qu'on est censé habiter<br />
Mais dont il faut s'abstraire<br />
Avec une force surhumaine<br />
Pour arriver à le penser<br />
En toute idéologie<br />
Comme étant Le Monde<br />
Unique<br />
Universel<br />
Unilatéralement unifié</p>
<p class="poemP2">Arraché de toute technique<br />
Qu'il faudrait mettre en œuvre<br />
Pour rendre habitable<br />
Ce monde<br />
– Celui parmi tant d'autres<br />
Que l'on est censé<br />
Habiter –<br />
Soumis à la technologie<br />
Qui se passe bien de nous<br />
À ce mode de pensée scientifique<br />
Imposant sa rationalité<br />
– Qui n'est pas la Raison</p>
<p class="poemP1">Arraché des siens<br />
De ceux avec qui<br />
On pourrait habiter<br />
Avec qui faire un Nous<br />
Fraternel<br />
Et qui ne sont plus<br />
Qu'alliés<br />
Ou adversaires<br />
Dans le Spectacle<br />
De la compétition<br />
Où chacun<br />
Se doit de jouer son rôle</p>
<p class="poemP2">Arraché de soi enfin<br />
Coupé de son propre être<br />
Incapable de désirer<br />
Avec des désirs qui soient siens<br />
Sommé de se choisir<br />
Une identité<br />
À même de masquer<br />
Aux yeux de tous<br />
Et des siens propres<br />
Le vide<br />
Narcissique<br />
Que reflètent les miroirs</p>
<p class="poemP3">Je reviens de dans dix mille ans<br />
Avec l'espoir en bandoulière :<br />
Il ne faudra plus bien longtemps<br />
Pour traverser les millénaires<br />
Et abandonner ce vieux monde<br />
Aux blooms qui le hantent déjà<br />
N'attendons plus une seconde<br />
L'an dix mil' nous ouvre les bras</p>
<p class="poemP4">Je reviens de dans dix mille ans<br />
Pour t'y emmener maintenant<br />
Tu sais le chemin par son nom<br />
On l'appelle : Révolution</p>
<h4 class="poemP4">Crédits</h4>
<p>Texte : Gibus<br />
Photo : <a href="https://twitter.com/VBoudghene/status/742709641935753218" hreflang="fr">Vincent Boudghene</a><br />
Musique : <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Colour_Haze" hreflang="fr">Colour Haze</a> – Love<br />
Montage audio : <a href="http://www.audacityteam.org/" hreflang="en">Audacity</a><br />
Montage vidéo : <a href="https://gstreamer.freedesktop.org/" hreflang="en">GStreamer</a> – <a href="https://sourceforge.net/projects/goom/" hreflang="en">Goom2k1</a></p>https://pascontent.sedrati.xyz/index.php/post/2016/08/01/L-ete-2016#comment-formhttps://pascontent.sedrati.xyz/index.php/feed/atom/comments/42