févr.162017
Je suis de ceux
dans la catégorie Poésies
Je suis de ceux pour qui le mot « révolution »
A ces accents mêlés de cheveux en chignon
Aigus dans la douleur aussi brefs qu'étincelles
Graves dans la langueur du Vrai qui se révèle
Si je suis jeune et vierge et sans doute étranger
Je ne le suis qu'envers vos fétiches rêvés
Car je suis cet instant où votre réveil sonne
Où vous demandez si la journée sera bonne
Le Temps presse il faut bien prendre une décision
Irons-nous enlacés libérer nos passions
Sous le chant des canons en bombardant le vide
Qui a rempli nos corps d'éternité morbide
Ou ensablerons-nous encore le désert
En allant quémander notre pain en enfer
Dans le petit matin je suis cette seconde
Où le rêve se meurt et peut mourir le monde
Je suis de ceux pour qui le mot « révolution »
Est inscrit dans la pierre archaïque infinie
Balisant nos chemins, que nous ne nous perdions
Dans ce fleuve ennemi qui vient nier nos vies
Si je suis vieux, usé et comme inoffensif
Et voué à l'échec au nom de mes ancêtres
Je ne le suis que tant que je veux le paraître
Car l'Ange de l'Histoire a trop de plaies à vif
Son sang ne fait qu'un tour charriant des sédiments
Que les siècles ont vomi sans qu'il ne coagule
Et il coule à l'envers cet Ange qui recule
Pour pouvoir avancer il joue contre le Temps
Nos artères soudain ont l'âge des comètes
Qui sait quels univers nous allons embrasser
Nous qui n'avons connu qu'une seule planète
Saisissons le moment qui peut la renverser
Je suis de ceux pour qui le mot « révolution »
Se pose en papillon sur chaque geste en fleur
Sans quoi il n'éclot pas mais se fane et se meurt
Gelé dans la machine épuisant sa fiction
Si je suis invisible et pourtant si présente
Dans chacun des parfums que tes lèvres prononcent
C'est que j'ai la saveur des baisers sans réponse
Car je suis comme l'air s'engouffrant dans tes fentes
De toute urgence il faut que tu sentes tes pores
Respirer cet élan que tu nommes « la vie »
Dont j'incarne le corps délesté d'utopie
Qui jaillit de tes cris lorsque tu cries « encore ! »
Je suis ce qui revient quand au fond des abîmes
N'en peut plus de chuter cet effort de Sisyphe
Lorsqu'éprouvent tes doigts la nostalgie des griffes
Prêtes à dépecer le brouillard qui t'arrime
Je suis de ceux pour qui le mot « révolution »
Vient frapper de plein fouet la barbe des bourgeois
Et répond d'un crachat à la moindre injonction
Que ces cons citoyens présentent comme un choix
Si je suis sans pitié, avançant l'arme au poing
C'est que la violence assermentée de loi
Ne saurait perdurer sans y mettre son grain
Et faire ainsi germer de beaux feus de tout bois
Nous avons trop souffert sans jamais dire un mot
Pour que je sois la seule à sans cesse formuler
Qu'il n'y a d'avenir sans tuer les robots
Qui violent nos enfants en toute impunité
Je suis prête et le Temps s'épelle « main-te-nant »
Tu n'as jamais vécu qu'en ma voix assassine
Tu marches avec moi le cœur toujours battant
À la pointe du sein des rimes féminines