août072023
Ubique et cybernétique
dans la catégorie Informatologie
Le Guide du routard galactique définit le service commercial de la Compagnie cybernétique de Sirius comme “un ramassis de pauvre mecs stupides qui finiront par se retrouver les premiers contre le mur le jour de la révolution”, avec une note indiquant que la rédaction du Guide était intéressée par toute candidature pour reprendre le poste de spécialiste en robotique.
Douglas ADAMS, Le Guide du Routard Galactique, Traduit de l’anglais par Jean BONNEFOY, Paris, Éditions Denoël, 1979, 1982 pour la traduction française, p. 121
On appellera « ubique » tout ce que l’on désigne tantôt par le signifiant « informatique », tantôt – et de plus en plus – par celui de « numérique ».
L’ubique est le nom et l’objet d’une enquête. Celle-ci a pour objectif de déterminer le caractère révolutionnaire ou contre-révolutionnaire de l’ubique. Peut-on se fier et prendre appui sur l’ubique dans une visée émancipatrice ? Ou, au contraire, l’ubique doit-elle être combattue en raison des incomparables moyens de contrôle et de domination qu’elle fournit ?
Nous sommes parvenus lors de la dernière étape de notre enquête à désigner par « numérique » le pôle capitaliste de l’ubique. Il est un autre terme, tombé de nos jours en désuétude, qui est cependant intimement lié à ce même pôle de l’ubique : celui de cybernétique. Or il n’est pas inconsidéré de trouver dans la pensée cybernétique, dont les fondements remontent à la seconde guerre mondiale et à la conversion durant la guerre froide de l’effort militaire en direction de l’efficience au service du capitalisme, déterminé à s’étendre à l’intégralité des activités – humaines ou non – sur l’ensemble de la planète – voire au-delà, les racines de ce qui fait désormais notre quotidien : l’ubiquité de l’ubique, tout du moins de sa face numérique. Il convient donc de nous plonger dans ce « moment cybernétique » et d’expliciter son importance fondamentale dans le développement de l’ubique numérique.
Les définitions caractérisant la cybernétique sont diverses : « science générale de la régulation et des communications dans les systèmes naturels ou artificiels », « étude des mécanismes d’information des systèmes », « science générale du fonctionnement de l’esprit », « élaboration de modèles de rétroaction dans les sciences biologiques ou humaines », « théorie générale des machines », « art de rendre l’action efficace », « science de l’organisation efficace », « science des analogies maîtrisées entre organismes et machines », « science des métaphores défendables », « branche des mathématiques qui traite des problèmes de contrôle, de récursivité et d’information », etc. On rappelle souvent l’étymologie grecque du terme : κυβερνητική, kubernetikê, art de piloter un navire, gouvernail et, par suite, gouverner. Si tout cela peut laisser une vague idée de ce qu’est la cybernétique, en ce qui nous concerne, il s’agit d’abord et avant tout d’une religion de cinglés.
Cette religion a son pape, guru, grand rabbin et grand mufti tout à la fois ; ses apôtres, prêtres et imams, ses lieux de culte et ses messes, ses piliers cardinaux, son inextinguible soif d’œcuménisme, ses schismes ayant donné naissance à d’autres écoles, etc. Mais surtout sa foi inébranlable en son idole, totem, golem et son Graal : l’information selon quoi tout peut être expliqué.
L’information telle que la considère la cybernétique trouve sa source dans un article publié en 1948 par Claude Shannon, ingénieur en génie électrique et mathématicien aux Laboratoires Bell – et en quelque sorte messie de la cybernétique –, suite à ses travaux en cryptographie durant la guerre : « Une théorie mathématique de la communication » – dont le titre sera ensuite renommé « La théorie mathématique de la communication », accentuant le caractère messianique de cette sainte parole. Le but de Shannon est d’optimiser la transmission d’un signal via un canal de communication en distinguant l’information portée par ce signal du bruit circulant inopportunément sur ce même canal. Cela le mène à définir un codage optimal de l’information sous forme binaire – composée de 0 et de 1 — et ainsi poser le bit comme unité élémentaire de l’information numérique discrète et à donner une mesure mathématique de la quantité d’information contenue dans un message. Si bien qu’on se réfère à ce papier comme théorie de l’information, tant la communication n’a d’intérêt que si elle communique de l’information et, inversement, l’information n’est intéressante que dès lors qu’elle peut être communiquée.
La même année, Norbert Wiener – véritable pape de la cybernétique – publie l’ouvrage fondateur : « La cybernétique : information et régulation dans le vivant et la machine ». Il y définit notamment une mesure de la quantité d’information, similaire à celle de Shannon, bien qu’obéissant à une logique et une démarche différente, abordant la question de l’information dans le domaine du continu plutôt que celui des mathématiques discrètes auxquelles se réfère Shannon, et se préoccupant plus de la prédiction des signaux plutôt que du codage des symboles – dont il faut souligner qu’ils n’intéressent la théorie de Shannon qu’en tant que signes structurellement organisés, indépendamment des objets réels qu’ils désignent.
C’est à partir de ces deux œuvres canoniques que la cybernétique va déclencher son entreprise de conquête des sciences, tant exactes qu’humaines ou sociales. L’information y tient un rôle central, en ce qu’elle est vue comme une grandeur physique, à côté de la matière et de l’énergie, indispensable pour expliquer tout phénomène réel. Là se situe le premier commandement de la cybernétique : Tu n’auras d’autres dieux que l’information.
Ce mantra planera sur l’hôtel Beekman, Park Avenue, à New York — consacré temple de la cybernétique –, où se tiendront entre 1942 et 1953 une série de conférences financées par la fondation Macy. Là se rencontreront mathématiciens, anthropologues, psychologues, neurophysiciens, psychanalystes non freudiens, économistes, logiciens, etc. Tous de brillants experts dans leur domaine. Tous unis par cette croyance que l’information pouvait construire un langage commun, à même d’enrichir leurs disciplines respectives. Tous ayant foi en ce que la cybernétique soit cette méta-science unificatrice des savoirs interdisciplinaires, qui donnerait une explication définitive du monde, de la société, de l’humain et de son cerveau. Tous plus cinglés les uns que les autres.
Commençons notre vol au-dessus de ce nid de coucous par observer celui qui non seulement donna son nom à la cybernétique mais qui en dégagea les concepts cardinaux : son souverain pontife, Norbert Wiener. Sa démence à lui est quasiment d’ordre clinique, tant chacun de ses travaux est empreint de contradictions proprement schizophréniques. C’est durant la guerre qu’il développe pour la défense anti-aérienne la notion de boucle de rétroaction, ou feedback. Le principe en est assez simple : il s’agit de considérer les effets d’une action produite en vue d’une finalité, comme pouvant être réintroduits en tant que causes de cette action, en vue de se rapprocher du but visé. Concrètement, la trajectoire du système composé d’un avion et de son pilote doit être prise en compte pour corriger à l’instant suivant l’angle de visé du canon qui cherche à l’abattre. En dépit de cette genèse purement militaire, Wiener s’affichera comme profondément antimilitariste, refusant – contrairement à von Neumann, autre figure importante de la cybernétique à laquelle nous allons nous intéresser dans un instant – de participer à l’élaboration de la bombe atomique ; ou s’opposant, au nom de la responsabilité du scientifique, à dévoiler les résultats de ses travaux au complexe militaro-industriel, afin de les préserver d’une utilisation destructrice. C’est aussi le choc causé par les drames de Bergen-Belsen et Hiroshima qui poussèrent Wiener à développer la cybernétique, comme moyen rationnel d’éviter que le gouvernement des sociétés soit soumis aux humaines passions pouvant conduire à de telles atrocités.
Car pour Wiener, le mécanisme de feedback permet d’expliquer qu’un système reste stable, que ce système soit machinique, vivant – animal ou humain – ou social. Cette homéostasie serait permise par une circulation optimale de l’information, permettant au système pris dans de telles boucles de rétroaction de s’autoréguler. On comprend dès lors tout l’intérêt de la théorie de l’information développée dans le cadre des télécommunications par Shannon, celle-ci ayant comme objectif d’optimiser la communication.
On constate également que le feedback s’appliquant à des phénomènes téléologiques – i.e. ayant un but défini –, la flèche du temps s’en retrouve renversée : ce n’est plus le passé qui détermine le présent, mais le futur, posé comme objectif à atteindre, qui conditionne l’action présente. Et cette inversion vient rencontrer la formule mesurant la quantité de l’information, celle-ci – c’est là encore von Neumann qui le soulignera – étant similaire à celle de l’entropie, mais de signe inverse. Or, en thermodynamique, l’entropie est une grandeur caractérisant la dissipation de l’énergie, mesurant statistiquement le degré de désordre d’un système clos, lequel désordre ne pouvant que s’accroître au sein de ce système, selon la seconde loi de la thermodynamique. Ainsi, l’information, définie comme néguentropie, expliquerait que, dans un univers voué à un désordre croissant, il existe des poches où, au contraire, ce serait l’ordre qui augmenterait. L’entropie avait permis aux physiciens de montrer l’irréversibilité du temps : celui-ci s’écoulant nécessairement dans le sens d’un accroissement de l’entropie. L’information, selon la cybernétique de Wiener et Shannon, vient contrecarrer cette direction au sein d’enclaves, tendant vers une augmentation de l’organisation. Et, selon Wiener, « la vie trouve abris dans certaines de ces enclaves ».
Toute sa vie, Wiener sera pris dans cette bipolarité, oscillant entre des moments de dépression pessimiste – sachant que le monde, soumis à l’érosion de l’entropie, glisse inexorablement sur une pente menant à une complète désorganisation – et d’exaltation euphorique en envisageant le même monde comme un champ infini de communications, où quelques îlots d’organisation luttent contre ce désordre grâce à la circulation de l’information.
C’est loin d’être la seule contradiction qui minera l’esprit délirant du mathématicien. L’ensemble de ses écrits trahit en effet un immense paradoxe entre une profonde conviction humaniste et les soubassements théoriques de la cybernétique résolument dirigés vers une remise en question radicale de toute la tradition philosophique quant à la nature humaine. Car, si depuis Descartes — malgré l’opposition spinoziste selon laquelle « on ne sait pas ce que peut le corps » –, l’humain est réduit à la « chose pensante », son corps pouvant être assimilé à une machine, la cybernétique de Wiener pousse le réductionnisme un cran plus loin en limitant l’esprit à sa capacité à traiter des informations, c’est l’humain tout entier qui devient ainsi assimilé à la machine ubique. Wiener n’aura de cesse de répéter qu’il n’existe pas de différence de nature entre la condition animale – et humaine en particulier –, la société et la machine : toutes peuvent être considérées comme des boîtes noires traitant des informations en entrée pour produire des informations en sortie.
Et pourtant, Wiener affirmera aussi que jamais la machine n’atteindra la capacité du cerveau humain, semblant ainsi sacraliser ce dernier. Et pourtant, Wiener n’aura de pire cauchemar que l’humanité laisse place à son devenir cyborg – terme pourtant directement forgé sur celui de cybernétique. Et pourtant, Wiener se battra bec et ongles contre l’usine automatisée, considérant que celle-ci conduirait à une perte d’emplois d’une ampleur sans précédent, alors que la société actuelle a fait du salariat la seule ressource pour subvenir aux besoins vitaux de la majorité des êtres humains. En cela, Wiener s’affirmera même anticapitaliste. Et pourtant, c’est sur la cybernétique qu’il a fondée – et les différentes disciplines qui en ont découlé – que le capitalisme s’appuiera pour trouver les moyens de sa mutation vers sa forme dite néo-libérale dans laquelle nous vivons à présent.
Si Norbert Wiener fut le pape de la cybernétique, l’un de ses principaux cardinaux et apôtres fut sans nul doute Warren McCulloch. Neuropsychiatre de son état, c’est lui qui organisa les messes cybernétiques des conférences Macy et qui, davantage encore que Wiener, incarnera ce qui s’est joué dans le projet cybernétique. Sa préoccupation prépondérante – virant au trouble obsessionnel – est de comprendre et d’expliquer le fonctionnement du cerveau. Avec le logicien Walter Pitts, autre évangéliste majeur de l’histoire de la cybernétique, il publie en 1943 un article séminal dans lequel est proposé un modèle purement logique de l’activité neuronale.
Von Neumann – encore lui ! – donnera le résumé le plus pertinent du papier de McCulloch et Pitts : « Ils voulaient traiter des neurones. Il décidèrent qu’ils ne souhaitaient pas s’attacher aux caractéristiques physiologiques et chimiques des neurones réels dans toute leur complexité. Ils ont eu recours à ce que l’on nomme en mathématique la méthode axiomatique, qui consiste à énoncer un certain nombre de postulats simples et à ne pas se préoccuper des moyens dont la nature se sert pour réaliser l’objet en question. » Leurs neurones logiques sont effectivement extrêmement simples – binaires, c’est-à-dire fonctionnant selon le principe du tout ou rien : lorsqu’ils reçoivent une impulsion dépassant un certain seuil, ils passent d’un état dormant à excité et peuvent ainsi transmettre cette impulsion aux neurones voisins, qui réagissent de même. Les auteurs présentent explicitement ce modèle comme équivalent à une machine de Turing. Ce qui les amène à voir le cerveau comme centre de traitement de l’information, les fonctions de l’esprit comme des opérations mathématiques transformant des entrées en sorties, la pensée se réalisant concrètement via des connexions neuronales que l’on peut reproduire peu ou prou à l’aide de circuits électriques. McCulloch comprendra parfaitement que ceci bouleverse la définition de l’humain, ne faisant au final aucune différence entre le système nerveux et une machine ubique, et qualifiera cette entreprise de « grande hérésie ».
Il y a là un renversement typique de la cybernétique et qui nous importe au plus haut point dans notre enquête. Le biologiste Ralph Gerard le pointera lors de la neuvième conférence Macy en 1952, en expliquant que « la tâche des neurophysiologistes du groupe est de fournir aux mathématiciens des données pour qu’ils puissent construire leur modèles sans trop perdre le sens du réel. Le réel est ainsi devenu le moyen et le moyen – c’est-à-dire le modèle – la fin. » Cette inversion est d’ailleurs conforme à la polysémie du mot « modèle » même : est modèle ce qui imite le réel, mais également ce qui est, ou mérite d’être imité. Ceci illustre que davantage qu’à une représentation du réel, ce à quoi a œuvré la cybernétique a été de transformer à son image notre appréhension de celui-ci et les agencements que nous y produisons. Et ce renversement a été rendu possible par l’avènement de la machine ubique par excellence : l’ordinateur.
Notre enquête l’a montré : l’ubique a en effet pour objet d’effectuer des calculs sur des modèles du réel et les résultats de ces calculs sont réinjectés dans la réalité, permettant ainsi de définir le réel comme moyen et le modèle comme fin. Les conséquences d’un tel renversement sont lourdes : dès lors que des machines – les ordinateurs – furent capables de mettre en œuvre l’ubique, l’étude des opérations effectuées ubiquement sur ces modèles mathématiques a grandement influencé la compréhension des fonctionnements réels ainsi modélisés, en réduisant cette compréhension aux seules opérations ubiquement réalisables. C’est ainsi qu’on en est venu à parler – saut épistémologique directement imputable à la cybernétique – de traitement de l’information pour décrire le fonctionnement du cerveau humain.
Il est grand temps de présenter plus en détail ce personnage haut en couleur, déjà apparu à de multiples reprises dans le cours de notre enquête : John von Neumann. Car si Turing, avec son concept de machine universelle, a fourni à l’ubique ses fondements théoriques, c’est von Neumann qui lui donnera une réalité concrète en définissant l’architecture des ordinateurs, sur laquelle se basent encore nos machines ubiques actuelles.
Ce n’est là qu’une des contributions, toutes majeures, que le mathématicien et physicien touche à tout, exilé de Hongrie aux États-Unis dans les années 1930, léguera à la postérité. Disciple de David Hilbert, il se lança, encore adolescent, dans les tentatives de conjurer la crise des fondements mathématiques. S’il fut dévasté par le coup d’arrêt à cette entreprise qu’apportèrent les théorèmes d’incomplétude de Gödel, il enrichira la logique formelle d’une théorie des classes, ensuite améliorée par Paul Bernays puis Kurt Gödel. Dans la même veine, il s’attaqua à l’axiomatisation de la physique quantique, travaux qui aboutirent à une réduction mathématique réconciliant Werner Heisenberg et Erwin Schrödinger. Ce qui le conduira après son émigration à devenir l’un des principaux contributeurs au projet Manhattan d’élaboration de l’arme atomique, calculant notamment la distance idéale au sol que devrait avoir la bombe lors de son explosion pour engendrer un maximum de dégâts. Auparavant, il publia, avec Oskar Morgenstern, la célébrissime et toujours fertile « Théorie des jeux et comportements économiques » ; trouva une solution au problème de l’équilibre général, formulé par Léon Walrace via une méthodologie des points fixes ayant inspiré depuis de nombreux « prix Nobel » d’économie ; et construisit un modèle optimal de croissance économique équilibrée dont l’influence se fait également toujours sentir dans les idéologies et politiques économiques actuelles. Enfin, il s’illustra à la fin de sa courte vie, interrompue par un cancer à l’âge de 53 ans, par une théorie des automates cellulaires autoreproducteurs, cherchant, entre autres, à rendre compte des possibilités du traitement biologique réel de l’information.
Le point commun à toutes ces prolifiques et à chaque fois fructueuses réalisations, outre qu’elles ont toutes influencé plus ou moins directement la cybernétique, puis les sciences et techniques qui lui ont succédé, est qu’elles cherchent toutes à résoudre un problème – déjà typique dans l’art de piloter un navire ou de gouverner – : conjurer « l’imprédictibilité, l’indétermination, l’imprévu, l’incalculable […] et qui revient toujours à la mise hors-jeu du facteur le moins prévisible qui soit […] : l’être humain ».
Nous pourrions continuer ainsi notre panorama des personnages illustres de la cybernétique avec le couple d’anthropologues Margaret Mead et Gregory Bateson ou les artisans de ce qui fut nommé seconde cybernétique ou cybernétique du second ordre, incluant l’observateur au sein des systèmes observés, Heinz von Foerster, Humberto Maturana et Francisco Varela. Nous aurions pu aussi insister sur ses origines et financement militaires durant la seconde guerre mondiale et la guerre froide, notamment sous l’égide de Vannevar Bush, dont le projet Memex, sorte d’extension ubique de la mémoire humaine, préfigura à la fois l’ordinateur et le Web. Nous aurions pu détailler la foisonnante descendance de la cybernétique : théorie générale des systèmes, biotechnologie, sciences cognitives, connexionnisme, computationnalisme, intelligence artificielle, gouvernementalité, théories du management, logistique, théorie des flux, recherche opérationnelle, etc. Mais tout ceci est déjà abondamment documenté et, s’il est besoin d’approfondir, on pourra se référer à la bibliographie présente dans les notes de travail de cette enquête.
Et ce que nous avons vu de la cybernétique suffit déjà à nous permettre d’en tirer une conclusion pertinente pour notre enquête. On peut en effet considérer que l’apport de cette religion de cinglés à l’ubique réside principalement dans la mise en forme numérique du monde, de la société et des êtres humains en vue de les exploiter ubiquement.
Nous employons ici à dessein l’adjectif « numérique » et dans un double sens. Tout d’abord parce qu’il s’agit bel et bien de représentations sous forme de nombres. Mais également car, d’après ce que nous avons précédemment dégagé, cette mise en forme s’est faite au service du capitalisme et l’exploitation ainsi visée est capitaliste. Ce que nous illustrerons dans la prochaine étape de notre enquête, à travers les applications actuelles de l’ubique – du numérique, en fait – découlant de la cybernétique.


