Au Forum, tout le monde œuvre plus ou moins directement à superviser le réel, le contraindre à rentrer dans nos modèles et vérifier qu’il n’en déborde jamais. Des dompteurs d’incertitude.
Bruno MARKOV, Le dernier étage du monde, Paris, Éditions Anne Carrière, 2023, p. 226
C’est pourtant de là que peut venir le danger. De ce monde non mesurable qui ne laisse aucune trace, ne s’intègre à aucun modèle. Tous ces pans de réalité que nos algorithmes ne voient pas.
Ibid., p. 347
On appellera « ubique » tout ce que l’on désigne tantôt par le signifiant « informatique », tantôt – et de plus en plus – par celui de « numérique ».
L’ubique est le nom et l’objet d’une enquête. Celle-ci a pour objectif de déterminer le caractère révolutionnaire ou contre-révolutionnaire de l’ubique. Peut-on se fier et prendre appui sur l’ubique dans une visée émancipatrice ? Ou, au contraire, l’ubique doit-elle être combattue en raison des incomparables moyens de contrôle et de domination qu’elle fournit ?
Nous sommes arrivés au terme de cette enquête sur l’ubique. Non point qu’elle ne pourrait encore être poursuivie en explorant des pistes que nous avons négligées ou, plus simplement, pas abordées. Mais les résultats auxquels notre enquête est d’ores et déjà parvenue suffisent à répondre à la question initiale l’ayant motivée. L’ubique est à la fois, de par son pôle numérique, irrémédiablement vouée à se situer du côté conservateur de la domination et de l’oppression capitaliste, mais peut également constituer un instrument d’émancipation révolutionnaire grâce à son pôle informatique.

