Le capitalisme se forme quand le flux de richesse non qualifié rencontre le flux de travail non qualifié, et se conjugue avec lui. C’est ce que les conjonctions précédentes, encore qualitatives ou topiques, avaient toujours inhibé (les deux principaux inhibiteurs, c’étaient l’organisation féodale des campagnes et l’organisation corporative des villes). Autant dire que le capitalisme se forme avec une axiomatique générale des flux décodés
Gilles DELEUZE et Félix GUATTARI, Mille plateaux : Capitalisme et schizophrénie 2, Paris, Les Éditions de Minuit, 1980, p. 565
On appellera « ubique » tout ce que l’on désigne tantôt par le signifiant « informatique », tantôt – et de plus en plus – par celui de « numérique ».
L’ubique est le nom et l’objet d’une enquête. Celle-ci a pour objectif de déterminer le caractère révolutionnaire ou contre-révolutionnaire de l’ubique. Peut-on se fier et prendre appui sur l’ubique dans une visée émancipatrice ? Ou, au contraire, l’ubique doit-elle être combattue en raison des incomparables moyens de contrôle et de domination qu’elle fournit ?
Nos explorations, tant génétiques qu’archéologiques, ont confirmé la nature mathématique de l’ubique. Nous y avons notamment évoqué comment l’ubique s’avérait la technique idéale pour mettre en œuvre la méthode axiomatique, celle-ci consistant en un enchaînement mécanique de règles permettant de déduire tous les théorèmes d’une théorie mathématique à partir de propositions prises comme hypothèses et jamais démontrées – les axiomes. Or les travaux de Gilles Deleuze et Félix Guattari ont montré que l’on pouvait trouver une analogie entre l’axiomatique et le fonctionnement des sociétés modernes du capitalisme. Il est par conséquent intéressant de s’arrêter sur ce point qui nous permettra de dépasser le domaine des mathématiques pour aborder des considérations politiques.