L’exposition doit faire prendre conscience des mécanismes d’exploitation qui s’épanouissent avec le Web, le numérique ayant transformé les enjeux économiques. Sur Internet, les biens de connaissance ne sont plus rivaux, ils se multiplient sans s’annuler, ce qui a deux conséquences. D’une part, une abondance de données s’offre au cerveau, mais leur nombre même fait que celui-ci ne peut pas leur accorder à toutes de l’attention : la bataille pour le clic est ainsi devenue un enjeu stratégique majeur. D’autre part, les données sont aujourd’hui si faciles à stocker que cette opération est dévaluée au profit de la mise en relation des informations, opération que seul un cerveau humain peut accomplir. On fabrique donc du profit grâce à l’interaction des humains utilisant le Web. Comment mobiliser et connecter le plus grand nombre d’internautes le plus longtemps possible ? En utilisant le plaisir de l’internaute. Qui est exploité ? C’est un “nous”, la somme des perceptions et actions des utilisateurs : nous participons à l’amélioration d’un algorithme en remplissant les captchas, nous travaillons à l’écriture d’un manga/d’une série en débattant sur des forums de fans, nous accroissons l’attractivité d’un produit hors de prix en participant à un concours de logos pour Apple.
Sandra LUCBERT, La Toile, Paris, Gallimard, 2017, p. 102
On appellera « ubique » tout ce que l’on désigne tantôt par le signifiant « informatique », tantôt – et de plus en plus – par celui de « numérique ».
L’ubique est le nom et l’objet d’une enquête. Celle-ci a pour objectif de déterminer le caractère révolutionnaire ou contre-révolutionnaire de l’ubique. Peut-on se fier et prendre appui sur l’ubique dans une visée émancipatrice ? Ou, au contraire, l’ubique doit-elle être combattue en raison des incomparables moyens de contrôle et de domination qu’elle fournit ?
Notre enquête nous a amenés à distinguer – d’après la nature même de l’ubique qui ne peut agir que dans le champ de ce qui est calculable – deux pôles en son sein. Le premier – que nous avons qualifié de numérique – présente une tendance à préserver et conforter l’ordre social actuel, i.e. le capitalisme. Le second pôle – que nous avons appelé informatique – tend au contraire à produire, à travers une Éthique – que nous avons pris soin de distinguer d’une Morale – des moyens de s’opposer à cet ordre dominant. Dans cette éthique, le logiciel libre – ici encore, à distinguer du logiciel open source – semble constituer une ligne de fuite incontournable, de par sa position en dehors et contre toute considération économique.
Mais quelle peut être une Économie de l’ubique ? Comment le capitalisme, en tant que système dominant reposant en première instance sur l’Économie politique, a pu intégrer dans ses mécanismes de valorisation les produits du travail ubique ?


Il est des livres qui, lorsqu'on les referme sur leur dernière page, laissent irrésistiblement penser que toutes celles qui précèdent devraient être lues, comprises, assimilées par tous ; que le monde tournerait plus rond si ceux qui le meuvent – c'est-à-dire tous ceux qui vivent dans ce monde, en tant que la vie en est justement le principe moteur – étaient instruits et guidés par les réflexions et enseignements exposés dans ces pages. Le Marx de Michel
Nous arrivons au terme de ce tryptique de billets sur la « 
S'il est un livre à lire immédiatement, c'est bien 