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Maintenant, des armes

dans la catégorie Ressources

Des armes au secret des jours
Sous l'herbe dans le ciel et puis dans l'écriture
Des qui vous font rêver très tard dans les lectures
Et qui mettent la poíêsis dans les discours

On passe totalement à côté de ce texte de Léo Ferré si l’on ne comprend pas que les armes y figurent une métaphore des mots. Comme on en manquera encore l’essentiel en ne considérant cette métaphore uniquement en tant que symbole. Car toute sa puissance est enveloppée dans l’Allégorie – au sens qu’en donne Walter Benjamin – qu’elle exprime. Dans cette chanson, il est autant question d’armes que de mots, les deux termes s‘affectant l’un l’autre, dans le lien qui les tient ensemble.

De même, Maintenant, publié par le Comité invisible le 21 avril 2017 aux éditions La Fabrique, ne peut être pleinement saisi, sans y apposer le sous-titre suggéré par un recueil d’écrits d’Auguste Blanqui, paru dans la même maison d’édition, intitulé Maintenant, il faut des armes. Il n’est d’ailleurs pas innocent que ces textes de Blanqui aient été introduits par une préface adressée À un ami, signée par « quelques agents du Parti imaginaire » – Parti imaginaire dont « l’organe conscient », Tiqqun, est de notoriété publique la forme précédemment prise par le Comité invisible, qui plus tard livrera À nos amis.

Car il n’est question dans Maintenant que de forger des armes à même de réaliser « L’insurrection qui vient », d’actualiser l’éthique révolutionnaire qui est au cœur de la pensée livrée par le Comité invisible au fil de ses écrits. La nécessité de se procurer des armes n’a jamais été aussi actuelle que maintenant. Et c’est de cette nécessité que découle Maintenant et dont se préoccupent ceux qui, refusant de se présenter comme « auteurs » – les mots leur venant davantage qu’ils ne leur appartiennent –, peuvent être appelés avec Ferré : poètes de services à la gachette.

Reste à voir comment…

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La « propriété intellectuelle » c'est le viol ! deuxième partie

dans la catégorie Informatologie

intellectual_property_by_markofthedead-d345pnb.jpgDans le précédent billet, nous sommes partis du titre d'un article de Richard Stallman – ''Vous avez dit « propriété intellectuelle » ? Un séduisant mirage. – pour analyser ce qui sous-tend et ce qu'implique ce terme de « propriété intellectuelle ». Cette analyse textuelle a permis de discerner l'absence de substance sur laquelle repose cette notion, qui se présente comme un mirage, agglomérant divers concepts dans une totalité floue dont l'on ne distingue plus les parties. Mais il est également apparu qu'il s'agissait d'une image bien réelle, forgée par les mots qui la définissent et cela depuis qu'ils ont été prononcés, et qui s'imposait, empreinte d'une séduction trompeuse.

Il convient à présent d'examiner les questions qu'ont soulevées cette première analyse et, en premier lieu, de s'interroger sur les origines de ce mirage de la « propriété intellectuelle ». Comment ce mirage a-t-il été construit – c'est-à-dire quel a été le processus historique ayant conduit à parler de « propriété intellectuelle » ? Par qui – c'est-à-dire quels ont été les sujets de ce processus historique ? Dans quel but – c'est-à-dire quel a été l'objectif présidant à forger le concept englobant de « propriété intellectuelle » pour désigner les différents droits qu'il rassemble artificiellement ? Avec quels matériaux – c'est-à-dire qu'est-ce qui caractérise ces droits qu'englobe la « propriété intellectuelle » par rapport à ce qui n'en fait pas partie ? Pourquoi lui avoir donné cette forme – c'est-à-dire pourquoi avoir choisi les termes de propriété et intellectuelle pour nommer ce concept ?

C'est un euphémisme que de qualifier d'abondante la littérature académique sur la « propriété intellectuelle ». Cela fait maintenant plus de dix ans que j'y puise au gré des luttes auxquelles j'ai activement participé, que ce soit sur les brevets logiciels, le droit d'auteur sur Internet, ou les divers droits – brevet et droit d'auteur spécifique, mais aussi droit des marques, sur les bases de données, etc. – portant sur les logiciels. Mais depuis cinq mois, je me suis plongé dans les profondeurs de cette littérature foisonnante, afin d'y dénicher ce qui a spécifiquement trait à l'expression « propriété intellectuelle » elle-même : sa genèse, son existence et sa forme – soit, l'origine et la raison d'être de ce concept englobant divers droits et la forme qu'il prend de « propriété » réduite au qualificatif « intellectuelle ». C'est cette exploration bibliographique que relate ce second billet.

1re partie : Stupeur et dévoilement
3e partie : Le capital imaginaire
Théorie du droit des auteurs, Auguste-Charles Renouard
Théorie des droits sur les inventions et sur leurs produits, Auguste-Charles Renouard
Embryologie juridique, Edmond Picard

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